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Jean-Baptiste FRENET - SAINT-AUGUSTIN

SAINT-AUGUSTIN

FRENET Jean-Baptiste

Lyon 1814 – Charly 1889

SAINT-AUGUSTIN, circa 1851-1853

H : 1900 mm x L : 1300 mm

Huile sur toile, signé en bas à gauche : « J.Frénet ».

On lit sur les livres en bas : « Donatus Pelagius, Manes PRH ; Basilides, Marcionus, Appeles, Faustus ».

Ce tableau a été commandé à Frénet par le Cardinal de Bonald.
Le tableau a été exposé au Salon de Lyon en 1858. Saint Augustin, mitré, vêtu de riches ornements sacerdotaux, assis sur un trône épiscopal, rédige La Cité de Dieu. Peut-être Frénet s’inspire-t-il, du moins pour ce qui est de la chaleur du coloris, des peintures augustiennes qu’il a pu voir en Italie, celles de Benozzo Gozzoli (San Gimignano), de Botticelli (Florence), de Pinturicchio (Rome) ou de Vivarini (Venise). Il réunit en un seul tableau, ce qui est rare dans l’iconographie augustinienne, deux épisodes de la vie du saint.
Il évoque discrètement sa lutte contre les hérétiques Donat, Pélage, Mani, Basilide, Marcion, Apelles, Fauste et autres, dont les livres figurent dans l’ombre, sur les marches du trône et que le saint foule aux pieds. Saint Augustin, inspiré, écrit La Cité de Dieu. L’éblouissant décor du fond si largement traité (il rappelle celui de Charly), réunit, en bas, la cité des hommes, la Rome antique (on croit discerner l’Arc de Constantin) à laquelle mènent des chemins de boue, et la Jérusalem céleste, avec ses dômes et ses tours, portée sur des nuées, à laquelle mènent des chemins de lumière. Conformément à l’habitude de Frénet, de nombreuses inscriptions figurent sur le tableau. Celles que portent les feuilles qui jonchent les marches du trône sont si difficilement lisibles qu’on hésite à les commenter. Peut-être s’agit-il d’extraits de La Cité de Dieu ; la proximité des noms de Pierre et Laurent évoque le sermon où Saint Augustin narre le sac de Rome: « Iacet Petri corpus Romae Laurentii corpus Romae.. » (Le corps de Pierre repose à Rome, à Rome le corps de Laurent repose… et Rome est investie).
Le métier de Frénet se montre à la hauteur de son inspiration. Le visage du saint rappelle un Autoportrait où Frénet se représente, de face, mitré, le regard intense, typique de ses portraits, quels qu’en soient les modèles.
Le peintre réussit là une oeuvre sans concessions, puissante et majestueuse. Son dessin magistral jusque dans ses entorses à l’anatomie (main gauche du saint), son coloris lumineux, vibrant, ne la rendent pas indigne des plus grands peintres augustiniens, ses devanciers.

Elève d’Ingres.

Né à Lyon, le 31 janvier 1814. Ombrageux, l’adolescent est exclu en 1828 de l’école des beaux-arts pour être réintégré en 1832 et par une mention à l’examen de figure peinte.

En octobre 1834, il rejoint l’Ecole des beaux-arts de Paris. Il travaillera dans l’atelier d’Ingres avant d’effectuer le rituel voyage en Italie.

En 1837, de retour en France, marié, Frénet entame sa carrière artistique en exposant. lors des Salons de Paris et de Lyon.

A partir de 1842, Frénet réside à Charly, petit village proche de Lyon, dont il devient maire en 1851. Tout en s’occupant de sa famille, il peint, et dessine.

Il consacre les années 1847 à 1849 à la réalisation d’une vaste fresque religieuse qui déplaît à ses commanditaires, mais l’inspiration de Frénet s’est éloignée de la pure religiosité catholique pour refléter une vision davantage imprégnée des idéaux socialistes et égalitaires de la révolution de 1848.

Nourrissant une haine implacable à l’encontre de Louis-Napoléon Bonaparte, le peintre-maire truquera les élections au plébiscite. Placé sous surveillance policière, Frénet subira plusieurs perquisitions. Fidèle à ses convictions, il ornera encore l’église de Charly de décorations, inspirées de thèmes républicains avant de mourir, le 12 août 1889.



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